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Une cité d'Ancien régime (XVIIe-XVIIIe)

30/05/2010 - Lu 4589 fois
Article de Danièle Provain

L'économie de la cité repose sur le commerce du vin mais l'autonomie politique est menacée par les prétentions de la monarchie à la fin de l'Ancien Régime

 

 

Henri de Navarre, futur roi Henri IV, séjournera dans la bastide. Peut-être a-t-il dormi dans la maison de pierre datée de 1583 sur son fronton Renaissance au carrefour des rues de la République et Victor Hugo. On dit qu'il a octroyé à la Cité les deux tours d'anoblissement, en encorbellement l'une à la maison susdite, l'autre à l'Office de Tourisme pour remercier la ville de la part prise à la cause protestante.

 

Grâce aux dessins de l'archéologue Léo DROUYN, de 1864, nous savons qu'il existait de belles demeures gothiques, aujourd'hui disparues, qui portent témoignages de la richesse de la ville.                              

 Durant deux siècles, aux XVIIe et XVIIIe, les mêmes familles de notables administrèrent la bastide, nobles et bourgeois fusionnant. Sur le plan économique, le pays est riche et la Dordogne se révèle une voie d'eau où la navigation est importante. Les terres cultivées dans la juridiction sont moitié vigne moitié céréales, pois, fèves et chanvre. Beaucoup d'habitants de Sainte-Foy possèdent des terres exploitées par des métayers. Les clauses de contrats entre les parties varient. Il en est de même pour le "bail à cheptel" ou le "bail à planter vignes".

L'artisanat très développé donne les métiers de charpentiers à barriques, charpentiers à bateaux, tanneurs, courroyeurs, tisserands, cardeurs de laine, cordonniers, tailleurs d'habits, éperonniers, maréchaux. Nombreux sont les hôteliers, Sainte-Foy étant un lieu de passage fréquenté. Une réglementation très stricte encadrait les commerces de boulangerie et boucherie : boulangers et bouchers devaient prêter serment devant les Consuls. Le négoce du vin donnait lieu à un statut draconien. Le "cru" de Sainte-Foy, vin blanc ou vin clairet, particulièrement protégé, fut source de nombreux litiges entre Bergerac, Libourne et Bordeaux, chacun veillant à ses intérêts particuliers. Ainsi dans le port de Libourne, certains ont fait mettre la marque de Sainte-Foy à des vins étrangers à cette juridiction ce qui "détruiroit sans doute la bonne réputations des vins Sainte-Foy qu'elle a acquise dans le pays étranger. (4 novembre 1718).

A l'intérieur de la bastide, les habitants devaient obtempérer aux ordres de la Jurade sous peine d'amende. Dans le livre des Jurades (BB 10) à la date du 30 octobre 1725, ordre est donné de feu de joie à l'occasion du mariage de SA MAJESTE : "enjoignons en outre à tous les habitants, de quelque qualité de conditions qu'ils soient, d'allumer un feu de joie au devant de leur porte et de faire illuminations à leurs fenêtres, à peyne de 10 livres contre chacun des contrevenants à la présente ordonnance". En date du 26 septembre 1756, "Prohibition faite par les Ordonnances et Arrêts de Règlement de jouer dans les maisons ni autres lieux aux jeux de hasard". Une affiche du 19 janvier 1764, émanant du Duc de Richelieu fait obligation de signaler tous les passages dans la ville. En 1767, une ordonnance du Maréchal de THOMOND, commandant en chef de Guyenne, porte défense de toute assemblée ou attroupement illicite à partir de cinq personnes!

On constate que le pouvoir devient de plus en plus autoritaire. Depuis le XVIIème siècle, en particulier sous Louis XIV, le pouvoir consulaire perd de son autonomie et c'est la mise en tutelle de l'administration : en 1682, le roi nomme les quatre consuls. Pour faire face aux dépenses de guerre et de la Cour, Louis XIV en 1692 crée des maires perpétuels qui achètent leurs charges. Au XVIIIème siècle le recouvrement des impôts devient de plus en plus difficile et l'activité économique se ralentit. On constate une disette des grains, des mesures sont prises pour subvenir aux besoins alimentaires de la population et cette situation critique sera une des causes de la Révolution Française. S'ajoute la mévente des vins : "Relations de ce que lkes vins qui formaient autrefois le principal revenu des habitants de cette ville et de la Juridiction, ne sont depuis quelques années qu'un surcroît de charges pour eux […] que s'il ne s'ouvrait des moyens pour un meilleur débit des vins, on serait dans la nécessité d'abandonner les vignobles" (Archives Municipales 1er juillet 1786).

          

Maison Bellet

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